Salut, je m’appelle Manon, j’ai 31 ans et je suis juriste de formation. Après cinq ans d’exercice à l’Université de la Sorbonne à Paris, j'ai décidé de me reconvertir dans ma passion : la cuisine. J'ai quitté mon travail pour intégrer l'école La Source en formation initiale. C'était la deuxième promotion, donc trois mois d'école suivis de deux mois de stage que j'ai effectués dans un restaurant à Vincennes. Ensuite, j'ai déménagé à Rennes, ma ville natale, où j'ai travaillé pendant neuf mois dans un restaurant appelé Graille avant de me lancer dans l'entrepreneuriat.
Oui, alors avec ma sœur, on a ouvert un food truck - Ginette - dans une caravane vintage des années 80 que nous avons trouvée d'occasion à Toulouse. Nous sommes allées la chercher l'été dernier et nous l'avons rénovée cet hiver. Nous avons monté ce projet tout l'hiver, gérant toute la partie administrative, légale et le sourcing des produits. Aujourd'hui, nous proposons des grilled cheese avec des produits frais et de saison. Nous avons deux recettes avec de la viande et deux recettes végétariennes. Nous faisons également des frites maison et des desserts, et nous proposerons des glaces cet été.
Ginette, c'est notre grand-mère. On voulait un nom un peu vintage pour notre caravane des années 80, et un nom rigolo qui interpelle les gens. Ça marche plutôt bien, car à chaque fois, on nous demande qui s’appelle Ginette et pourquoi on a choisi ce nom. C'est assez marrant en fait, parce qu'on passait tous nos étés chez elle. Ce n'est pas elle qui nous a appris à cuisiner, car elle n'était pas forcément une grande cuisinière, mais c'est une façon de lui rendre hommage. Elle est toujours en vie aujourd'hui, et même si elle n'aimait pas trop son prénom au début, elle a fini par trouver cela drôle.
Nous avons choisi un food truck pour la liberté de pouvoir s'implanter où on veut. C'était aussi un premier pas dans l'entrepreneuriat sans trop de contraintes financières. Bien sûr, il y a toujours des contraintes administratives, mais il y a moins d'engagements financiers par rapport à un restaurant traditionnel. C'était une façon de tester notre projet sur une saison d'été, de faire le bilan à la fin, sans avoir à se soucier de charges comme le loyer ou les ressources humaines.
Oui, complètement. Nous voulions absolument être en bord de mer. Idéalement, on aurait aimé être face à la mer, mais même si ce n'était pas possible, nous sommes très contentes de notre emplacement. C'est une région que nous connaissons bien car nous y passions tous nos étés. Notre mère est originaire d'ici, donc nous savions qu'il y avait un manque d'offres et une forte demande, surtout l'été. C'est rassurant de connaître bien la région, et c'est tout bénéfice : profiter du soleil en été tout en travaillant.
Après la période estivale, nous allons faire le bilan de notre première expérience de food truck. Nous verrons si cela nous a plu et si nous voulons faire évoluer l'offre vers quelque chose de plus pérenne, peut-être une offre de traiteur ou continuer en itinérance sur des événements. En tout cas, nous ne resterons pas sur La Côte de Granit Rose, nous retournerons à Rennes.
C'est important pour nous d'être transparentes sur les producteurs avec lesquels nous travaillons. Nous avons construit notre carte en fonction des produits locaux pour soutenir l'économie locale, travailler en circuit court et avec des produits de saison. Ce sont des valeurs pour lesquelles je me suis reconvertie et que j'ai apprises à La Source. C'est un moyen de montrer qu'on peut faire de la street food de qualité, pas de la malbouffe. Nous travaillons avec des produits de qualité et nous en sommes très fières.
Oui, tout à fait. Grâce à l'école La Source, j'ai pu appliquer les valeurs écologiques que j'avais au monde professionnel de la restauration. J'ai appris à gérer l'anti-gaspillage, à optimiser les matières premières, à gérer les stocks et à sourcer les produits de manière responsable.
Ça se passe super bien, nous sommes très contentes de nos débuts. Cela a commencé sur les chapeaux de roue au mois de mai avec les ponts, ce qui nous a mis directement dans le bain. Ensuite, ça s'est calmé en juin, et maintenant, nous nous préparons pour la grosse saison estivale de juillet-août. Nous ne savons pas encore comment nous allons nous reposer, mais c'est une période courte et intense, donc nous donnons tout pour la saison et nous nous reposerons plus tard.
La plus grosse difficulté a été toutes les démarches administratives avant l'ouverture du food truck. Obtenir les autorisations pour les emplacements avec les mairies a été énormément de travail et jusqu'au jour de l'ouverture, nous n'étions même pas sûres de pouvoir ouvrir. Cela a généré beaucoup de stress, mais une fois lancées, nous avons pu nous concentrer sur ce pour quoi nous avons ouvert : cuisiner pour les gens et leur faire plaisir.
À moyen terme, notre objectif est de réussir la saison, d'en sortir entières et satisfaites avec beaucoup de succès. À long terme, pourquoi pas renouveler l'expérience l'été prochain. On verra...
Non, je ne pense pas. Ce n'est pas notre objectif. Nous avons fait cela entre sœurs, donc cela reste familial. Comme je le disais, c'est un test, mais nous ne ferons pas cela toute notre vie. Nous envisagerons peut-être de faire quelque chose de plus fixe, comme un café, mais il n'y aura pas de multiplication de la caravane Ginette.
Si je devais donner un conseil, ce serait d'avoir conscience que c'est un métier complet. Il n'y a pas seulement la cuisine et la vente aux clients. C'est aussi de la manutention, comme atteler et désatteler la caravane, se déplacer, et cela demande de bonnes conditions physiques. Nous avons de la chance d'être deux, mais il faut en être conscient car c'est assez exigeant physiquement. Ensuite, il y a tout le travail de plonge et la préparation à l'ouverture. Je conseille de bien s'entourer de professionnels compétents pour la comptabilité, les aspects juridiques, etc. Cela coûte plus cher, mais c'est un confort qui permet de se concentrer sur l'essentiel : cuisiner et vendre.