Ces chiffres choquants le sont d’autant plus quand on sait que 8 millions de personnes, soit environ 10 % de la population française, ont besoin de l’aide alimentaire pour vivre [contre 5 millions en 2018].
Ce concept s’est installé en 2017 grâce à l’initiative d’une jeune restauratrice parisienne, Dounia Mebtoul. Inspirée par nos voisins européens, elle décide d’implanter ce système qui n’existe pas encore dans l’hexagone. Le premier « frigo solidaire » français voit le jour.
“L’idée c’est de se baser sur le modèle berlinois et de mettre un frigo en libre-service chez un commerçant mais en extérieur, à la portée de tous et où chacun peut déposer ou prendre de la nourriture gratuitement et quand il le souhaite.”
Dounia Mebtoul, Créatrice de l’association des Frigos Solidaires
Quelques mois après, l’association des Frigos Solidaires est créée pour développer le projet à travers le territoire. Aujourd’hui, ce sont près de 50 frigos qui ont été installés en France.
Ces frigos solidaires se décomposent en deux niveaux. À l’étage inférieur, vous, nous, des commerçants, n’importe qui peut y déposer des produits frais comme des œufs, du fromage, ou encore des légumes. À l’étage supérieur, un espace est prévu pour les produits secs.
Lorsqu’une personne fait un “dépôt”, elle doit remplir une fiche de suivi. Et afin de garantir une consommation sans risque des produits, il est demandé de ne pas mettre de viande, de poisson ou tout aliment dont la date limite de consommation a été dépassée. Les boissons alcoolisées, elles non plus, ne sont pas autorisées.
Selon les villes et les acteurs à l’initiative de leur mise en place, on les nomme différemment. Si Dounia a opté pour les “frigos solidaires”, dans le Nord on parlera de “frigos partagés” quand, à Bordeaux, on préfère utiliser le terme de “frigos anti-gaspi”.
“Cela permet aux personnes qui sont en réelle difficulté sociale d’être plus à l’aise, et de ne pas se sentir stigmatisées, car elles voient qu’il sert à tout le monde dans le quartier.”
Nadège Lecouturier, Chargée de mission au Crepaq à Bordeaux
Quel que soit leur dénomination, ils ont tous la même vocation : répondre à un double enjeu. Tout d’abord, il y a cette volonté d’aider les personnes en difficulté pour se nourrir [ce nombre a augmenté de 25% avec la crise sanitaire du Covid-19]. Puis, on a l’aspect écologique et l’objectif de lutter contre le gaspillage alimentaire.
Si cette démarche cherche à répondre à une problématique réelle en France, un accès pour tous à l’alimentation, elle appelle aussi à une certaine forme de courage pour ceux souhaitant bénéficier de ces frigos. En effet, ce n’est pas toujours simple de montrer aux yeux de tous que l’on ait dans le besoin.
“Un frigo dans la rue, ça touche beaucoup les gens qui sont en grande précarité. C’est vrai que souvent, avant d’ouvrir la porte, on regarde à droite, à gauche si on est regardé… Il y a toujours ce souci de dignité. Mais il est nécessaire de mettre en place ce genre d’actions même si on sait que ça ne réglera pas tous les problèmes.”
Jean-Philippe Huguet, Président de l’association Initiative Wattrelos
Le Covid a confronté le pays à faire face à la précarité alimentaire que 8 millions de français subissent au quotidien. Plus que jamais, il est important de mettre en place des actions comme celles-ci.
Vous aimez les projets solidaires ? Nous vous conseillons de lire notre article sur la cheffe engagée Chloé Charles et son implication dans l’École Comestible.
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