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Rencontre avec un producteur en agriculture biologique

  • Portrait
  • Lecture: 5min
  • 15.01.2021
Samuel Lefort prend la relève dans la ferme familiale et la convertit en agriculture biologique.
Lui c'est Samuel
Rencontre avec Samuel, qui reprend l'exploitation familiale et la convertit en production biologique.

En octobre dernier, nous avons pris la route pour aller rencontrer des producteurs franciliens qui travaillent bien, cultivent de bons produits et partagent nos valeurs. C’est à Neauphlette, près de Mantes-la-Jolie, que nous avons commencé notre tournée avec un producteur qui s’est converti à l’agriculture biologique. Dans un magnifique corps de ferme entouré de champs de céréales et de pommiers, il nous attendait. LUI, C’EST SAMUEL.

Les backstages de notre rencontre avec Samuel.

Une ferme familiale depuis 4 générations.

Ici, on produit depuis plusieurs années des céréales en agriculture conventionnelle et raisonnée. La production de cidre a, quant à elle, débuté plus tard lorsque Samuel (4ème génération) a rejoint la ferme. Il se rappelle, jamais il ne s’était engagé à prendre la suite de son père. 

Samuel a commencé ses études par un DUT en génie biologique puis complète avec une licence professionnelle en biologie. Il rejoint ensuite Sanofi en Recherche Qualité avant d’intégrer une école d’Ingénieur Spécialisée en Agriculture. Il démarrera sa carrière à Paris avant de s’envoler pour l’Australie où il fera de la recherche fondamentale sur le cancer et les abeilles. Puis à 33 ans, il décide de revenir là où il a grandi et s’implique dans le travail agricole

De l’agriculture conventionnelle à l’agriculture biologique

Il reconnait avoir toujours eu un intérêt pour le mode de production biologique. Quand il a repris l’activité de la ferme, il a donc naturellement décidé de transformer toutes les céréales en agriculture biologique. Actuellement, il est encore en phase de conversion c’est-à-dire que pendant deux ans, il ne doit mettre aucun produit chimique afin que ses moissons soient certifiées bio.

Le corps de la ferme du Coignet de Samuel.

“Pendant les deux ans de conversion, on produit comme un agriculteur biologique mais on ne peut pas vendre avec la certification biologique. C’est difficile car on a les mêmes rendements qu’un agriculteur bio mais pas les mêmes prix. La tonne de blé revient à 160€ en conventionnel quand en bio, elle représente 450€.”

Lorsque l’on fait du bio, les rotations sont plus longues. Il nous explique qu’il faut réussir à varier ses cultures : 1  an de blé, 1 an de maïs, 2 ans d’orge, etc… La plante a besoin de beaucoup d’azote pour se développer et dans l’air, il y en a 80% mais elle n’arrive pas à le capter. En agriculture conventionnelle, il y a un processus qui demande beaucoup de pétrole et qui permet de prendre l’azote de l’air et de le remettre sous forme liquide, assimilable par la plante, que l’on répand dans les champs. Cette méthode n’est évidemment plus autorisée en agriculture biologique. Pour remédier à cette problématique, les producteurs ont recours aux protéagineux (ex : pois, lentille, trèfles etc). Il y a une symbiose qui se fait entre la plante et une bactérie dans le sol et c’est cette dernière qui rend assimilable l’azote de l’air pour la plante. 

“Finalement, on revient juste à quelque chose de cohérent. On fait attention aux besoins des plantes et à leur environnement en trouvant des solutions naturelles. Souvent, j’entends : ceux qui font du bio c’est pour faire joli et pour avoir des subventions. Mon but premier ce n’est pas l’environnement mais de proposer des produits sains et qualitatifs aux consommateurs.”

Samuel nous fait visiter la ferme et ses alentours.

Les coulisses du métier d’agriculteur responsable

Aujourd’hui, Samuel travaille seul aidé par son père qui a pris sa retraite. “On aime bosser ensemble, j’ai besoin de son savoir, il connait tout par coeur. On s’apporte beaucoup.” Après quelques années d’expérience, il confie que l’agriculture est un truc bizarre. L’agriculteur souligne notamment le côté “ultra subventionné”. Il n’a pas l’impression d’être rémunéré pour ce qu’il produit et se sent très dépendant des subventions. Les prix qui sont indiqués dans les supermarchés éduquent mal les consommateurs à la réalité du travail fourni.

“Moi je suis très content car j’arrive à en vivre. Je ne roule pas sur l’or mais il y a plein de compensations qui font que je m’éclate et que je peux subvenir à mes besoins. Mais le système nous paie pas pour ce qu’on fait mais pour produire de la nourriture pas chère.”

Selon lui, le gouvernement achète une paix sociale pour que tout le monde puisse se nourrir. Mais il y a des incohérences… En France, on impose des exigences très fortes sur la production agricole. La culture sous OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) est interdite depuis 2018 par la loi. Cependant, il est autorisé d’importer des produits qui ont été cultivés sous OGM à l’étranger. Les producteurs français sont face à une concurrence que l’on pourrait juger de déloyale avec ses produits sous pesticides qui n’ont pas les mêmes contraintes. Les subventions interviennent alors pour compenser cet écart.

Être agriculteur biologique : Plus qu’un métier, une philosophie

Samuel a choisi ce métier car pour lui il est très important de produire des aliments. C’est une fierté ! Il sent qu’il a un rôle à jouer, qu’il est utile à la société. Le producteur nous partage sa vision noble du métier. Chaque jour, il a l’impression de faire un petit pas de plus pour nourrir les français. Pour lui, c’est valorisant !

Ce qu’il aime et trouve cohérent avec l’agriculture bio, c’est le côté local, la traçabilité, les contrôles effectués.

“L’agriculture est liée au terroir, aux conditions climatiques et c’est ce qui nous permet de faire les bons choix au bon moment. Ce n’est pas les théories fumeuses qui vont pouvoir nous dicter quoi faire, il faut très bien connaître son sol et son potentiel.”

Il enchaîne en argumentant que l’agriculture biologique, c’est une autre façon de bosser. Il apprécie cette sensation de partage avec la communauté (de producteurs biologiques) sur les différentes manières de procéder. À son sens, c’est un marché qui tire vers le haut. Il y a une réelle demande du consommateur.

“Les produits bio sont sympas à cultiver et variés. On est tous passionnés, on ne fait pas ça seulement pour l’environnement, on se dit que notre produit va être mangé et va faire du bien.”

Cidre biologique produit par Samuel.

Samuel pense qu’il est important aujourd’hui d’avoir une agriculture de base qui est un socle et d’autres petites productions, plus sympas, qui permettent de rencontrer les consommateurs. C’est le cas avec le cidre. Il en fait surtout par passion et en produit en quantités limitées (4 000L/an en bio). Cela lui permet d’avoir une activité l’hiver en attendant la fin de la saison pour s’occuper des céréales.

Pour rencontrer Samuel

Rendez-vous à la Ferme du Coignet : 1 Rue des Rostys, 78980 Neauphlette. 

Il accueille d’ailleurs avec plaisir toutes personnes ayant envie de se retrousser les manches pour cueillir les pommes et en faire du cidre. ????

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